Puerto Williams @Hostal Pusaki

NB : Pour toutes les photos de ce séjour, suivre ce lien

Nuit du 16 au 17 février.

Après le coucher de soleil sur Ushuaia, l’arrivée à Puerto Williams se passe de nuit ; rien de prévu pour dormir si ce n’est le  fameux camping El Padrino, à défaut de place dans l’auberge éponyme. La perspective de monter la tente en pleine nuit ne m’enchante pas plus que ça, mon tapis de sol gonflable que j’essaie de rustiner depuis le début du voyage n’est toujours pas hermétique (donc au milieu de la nuit, ça se met à toucher). Christophe et Héléna les allemands du Yaghan non plus, en revanche ils sont fort inquiets vu qu’ils n’ont pas de tente.

Surprise, c’est Hédi, un français d’origine tunisienne en plein « montage » de sa pizzeria Kanasaka qui nous reçoit à l’hostel Padrino. Il donne un coup de main en l’absence de la patronne. Ca tombe à pic, je le « connais » car j’ai des salutations de Max et Florence à lui transmettre. Il y répond par une embrassade émue et spontanée, comme si il les serraient dans ses bras! Le coup de main qu’ils lui ont donné un soir de galère l’a vraiment marqué, buena onda. En revanche pour Christophe, la cartouche « recommandation de la part de untel de l’hostel truc de Punta Arena » a fait long feu. Il est jaloux et me glisse « Obviously, you said the right name » ;-).

En définitive, comme nous ne nous sommes pas précipités hors du bateau pour monter à l’abordage de Padrino (auberdage?), il n’y a plus de place. Néanmoins Hédi et Pascal (un autre français pitoresque qui, entre autres, chasse le castor) nous emmenent tous les 3 en voiture chercher un autre abri. La première tentative est la bonne, chez  « Pusaki » ; Gonzalo, l’aide-de-camp, nous reçoit gentiment puisque Patti la patronne est partie aussi pour quelques jours. Il y a de la place. Courte hésitation, le cout sensiblement plus élevé que le camping semble justifié par l’ambiance cosy comme à la casa. Nous partagerons donc le dortoir avec Héléna et Christophe. La bonne  impression se confirme à la lumière du jour avec les oeufs brouillés, la confiture de prunes maison, le beurre et les pains toastés.

desayuno

Après ce solide petit déjeuner, mon plan est d’aller faire un tour au port, demander aux pêcheurs si il y a moyen de travailler pour eux, puis passer à la marina voir si des bateaux cherchent des équipiers.

Au port je me fais entendre dire que le travail au black sur un bateau ça ne marche pas et qu’il faut un RUT (équivalent chilien du numéro de sécu sans quoi tu ne fais rien de légal). On me propose de caréner une coque avec une meule portative, c’est à dire récurer les algues, en l’occurence les moules, qui ont fini par pousser malgré la peinture spéciale ultratoxique. J’explique que je vais étudier la proposition. Ensuite je rencontre Nino et Claudio, pêcheurs-charpentiers-mécano venus de Punta Arenas pour rénover un bateau. Ils se laissent volontiers photographier, encore une fois contre la promesse de l’envoi des clichés par whatsapp.

null

Même pour un samedi, le port semble une piste mince. Direction la Marina avec le vélo que j’ai loué. En route je fais quelques photos de l’ambiance et découvre que les chiens de rue nourris par tous sont répandus au Chili.

chiens chiliens

puerto williams

Je monte sur chaque bateau déranger les occupants, demander si on n’a pas par hasard entendu parler de besoin en équipiers. Que chacun se souvienne de moi si’il entend parler de pistes, je repasserai dans une semaine pour moissoner, après le trek. Je rencontre Claire, une Française qui fait avec son pololo Jalil un tour du monde/reportage sur les îles les plus reculées (Les longs courriers). A part elle qui est à l’écoute, pas vraiment de touche, là aussi je suis un peu broucouille. Elle me confirme ce que Gonzalo m’a dit, la semaine dernière un certain Laurent cherchait un cuistôt. Et qu’il y a beaucoup d’appelés pour très peu d’élus : c’est la fin de saison, les derniers bateaux pour le cap Horn sont partis il y a peu. Ni ceux là, ni ceux revenant prochainement d’Antarctique ne vont repartir cette année.

marina

Marina et Dientes en arrière plan…

Pas abattu pour autant, je rentre à l’auberge puis nous sortons diner une pizza au castor de chez Kanasaka avec Christophe et Héléna ; il y a Pascal le chasseur de castor (et donc fournisseur de viande). Intarrissable, il vend ses peaux, nous en apprenons beaucoup (les castors furent importés pour leur fourrure mais sont désormais indésirables).

pizza castor

Le dimanche, un combo « pluie qui tombe fort » + « Bien-être à Pusaki », repousse mon départ pour les Dientes de Navarino au lendemain. Je fais une ratatouille dans la cuisine de Patti sur-équipée (Patti cuisine des repas à menu unique pour des tablées entières) et invite Gonzalo pour le déjeuner. Il apporte le vin et je bois mon premier verre de Carmenere, (cépage anéanti en France au 19e mais qui semble revenir doucemement, tant mieux car je trouve ça bon comme du pinot noir). Je suis loin de regretter d’être resté quand je vois le degré d’humidité des gens qui rentrent de la montagne.

Je passe l’après midi au café Luisa sur le port, à faire des appels visios amicaux et familiaux. Le canal de Beagle en arrière plan et des tartes Luisa « maison » au premier plan.

canal_pto_wil

De retour à l’auberge, je découvre le Pebre que fait Patti. Cette spécialité Chilienne accompagne tous les repas au restaurant comme un condiment, j’ai l’impression que c’est un peu leur moutarde, qui se mange également sur du pain à l’apéritif. C’est hyper simple à faire, mais il faut aimer manger épicé et la corriandre :
– Salsa aji (piment)
– Cilentro émincé (corriandre)
– Cebolla (oignon) emincé
– Ajo (ail)
– Tomata
– Aceite de oliva
– Lemon

pebre casero

Discutant du nombre élevé de Français que l’on rencontre sur cette île, Christophe m’en sort une bien savoureuse et pleine d’autodérision germanique : « c’est le moment d’envahir la France… ».

Le lundi, après les adieux aux allemands et 2 faux départs, je suis fin prêt pour me présenter vers 11h30 chez les carabinieros, qui font le suivi des gens qui partent en montagne pour détecter les disparitions (en théorie…). Sauf qu’ils me demandent ce que j’ai comme assurance, et je réalise sur le coup que les 90 jours de ma CB se sont finis la veille… . Jamais 2 faux départs sans 3, je retourne à l’auberge contracter une assurance, et pars finalement en ayant oublié mon sachet de riz vers 13h30.

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