Las tripulaciones @Pusaki, vuelta a Ushuaïa y dedo hasta Punta Arenas

Les photos de ces moments sont dans le même album que l’arrivée à Puerto Williams.

Pour quelques photos d’Ushuaïa, c’est par là

28/02

De retour de Trek chez Pusaki, Patti la patronne est revenue de Punta Arena. C’est une petite bonne femme haute en couleur, le genre qui cuisine bien, aime que la chose se passe comme elle dit, n’aime pas les voyageurs qui ne parlent pas un mot d’Espagnol et restent le nez planté dans leur smartphone. Et leur fait sentir le cas échéant. Elle peut être adorable comme exécrable, je me suis maintenu du bon côté. J’ai réservé ma place pour le diner, ça s’annonce bien. Il y aura de la centolla (araignée de mer aux dimensions mutantes, au bon gout de crabe) et du saumon. Son fils est dans un business de centolla en boite de luxe, donc connait les filières et s’en procure (du frais) au black même quand ce n’est plus la saison. Gonzalo son employé s’affaire comme un beau diable, elle ne le ménage pas.

centolla

Il y a Florent et Céline, 2 français sympas qui partagent le dortoir, puis Alicia. Pas mal de monde arrive pour l’apéritif puis le diner du soir. Encore plus de Français, et je m’assois à une table de 3…. Français. Ce sont :
– Laurent, le skipper de Basic Instinct, dont j’avais entendu parler avant de partir et qui cherchait un équipier-à-tout-faire pour du charter* jusqu’au cap Horn,
– l’équipier en question
– le client.

Ils viennent de rentrer aujourd’hui des canaux, la météo du cap Horn était trop grosse. Pour me renseigner sur les possibilités de navigation, il me semble que je ne pouvais pas mieux tomber que cette table! J’en apprends sur les us et coutumes des bateaux qui vont au cap Horn, vont en Antarctique donc « font le Drake » (les galons de marin local se comptent en « Drake ») et cherchent des équipiers. La plupart des bateaux vont ensuite hiverner plus au Nord, soit au Chili à Puerto Montt, ou de l’autre côté en Uruguay / Brésil, voire remontent aux Carraîbes. Laurent propose de rejoindre Puerto Montt à 60 euros de caisse de bord par jour pendant 45 jours. Aouch… Les canaux chiliens sont certes beaux mais ça dépasse mon budget…

* Faire du charter : emmener des touristes sur l’eau moyennant finance.

Une bouteille plus tard et je m’ouvre le front avec un coin de fenêtre, la faute à l’euphorie… mais chance encore : Céline est infirmière, et fait son grand voyage avec un nécessaire impressionnant. Je réglerai les honoraires en tablette de chocolat.

Je vais de surprise en bonne surprise : il y a également Marcel, un vieux loup de mer (franchement pas d’autre mot). Il a pris sa retraite de skipper et vendu son bateau l’an dernier mais est à Puerto Williams pour la fin de saison, afin de rendre visite à ses anciens « collègues » et ses amis en Terre de Feu. Il est Flamand, parle quand même fort bien Français, Espagnol, Anglais. Il s’est racheté un petit voilier et vit sur l’eau en Galice. Le monde étant petit, il est à l’ancre juste en face de l’église de Puebla dal Carminal où se sont mariés mes amis Marian et PA cet été (2017). Il est très pote avec Patti, et avec tout le monde en fait. L’homme affable est apprécié et le marin respecté.

En ce moment il dort à bord de Boulard, le voilier de son pote Jean, un autre skipper Français qui habite ici à l’année mais n’est pas venu ce soir là. Marcel m’invite sur Boulard pour rencontrer Jean le lendemain et parler de mon projet de naviguer. Jean est cynico-rentre-dedans et ne me laisse pas beaucoup d’espoir. Il a du en voir passer pas mal des comme moi, c’est sans doute un test de personnalité à l’ancienne. Il y aussi André, agriculteur en région Parisienne, un autre ami de Jean (très cool) qui l’a accompagné en Antarctique cette année.

On s’entend bien avec Marcel, presque tous les soirs pendant 8 jours on se partagera une (ou deux) bouteilles de Misiones de Rengo en Carmenere à l’apero. Intarissable en anecdotes, inétanchable en soif, question descente, tu peux pas test le loup de mer.

(Anecdote un peu triste mais révélatrice du Chili d’aujourd’hui, j’ai appris par la suite que cette bodega (comme d’autres grandes entreprises) finance la Fondacion Pinochet, qui a comme objet : “Propender a la difusión del pensamiento y obra de don Augusto José Pinochet Ugarte, como militar y presidente de la república de Chile, por cualquier medio conducente al indicado objeto”.)

Misiones de rengo

Marcel et Patti

Marcel et Patti

Au fur et à mesure que les bateaux rentrent de navigation, on dirait qu’ils passent tous par Pusaki. Chaque soir un nouveau diner, un nouvel équipage. Je rencontrerai tout le gratin de Micalvi. J’apprends que Patti est l’ancienne barmaid du Club Nautico Micalvi. (Micalvi est le bateau qui repose sur le fond de l’eau et sert à la fois de de ponton et de marina à Puerto Williams). Tout s’explique : la clientèle de Patti et son caractère bien trempé, pour gérer des marins qui font la fête. L’Armada a fait fermer le bar de Micalvi il y a quelques temps, ce n’est pour le moment qu’une tireuse à bière fantômatique et quelques drapeaux poussiéreux, mais il y a du y avoir de sacrées soirées là-bas.

Le dernier bout de bateau à gauche est le Micalvi.

Micalvi

Je passe voir Nino et Claudio qui ont quasiment terminé la menuiserie du bateau et remettent en place le moteur, la taille de la cabine de 3 lits me stupéfait par sa taille, c’est un cagibi situé à la proue où l’on accède par le haut.

Bateau fini

cabine

moteur

Un soir arrivent chez Pusaki Claude et Eric avec leurs filles Emma et Mia. Ils sont les propriétaires de la goêlette Vaïhéré (presque 24 m ! ) et vivent en itinérance, entre les océans et Saint-Lo. Eric revient d’un charter en Antarctique. Ils sont très sympas et à force de se rencontrer à Micalvi ou chez Pusaki, nous nouons contact. Juste pour voir, je mentionne Jacques, un marin frère de mon oncle. Eric le connait un peu (il en sait plus que moi en tout cas). Ce monde me parait tout petit. Je leur parle de mon projet de naviguer. Ils me parlent d’Olivier et son bateau Tarka. Un peu de piston plus tard et me voila engagé comme équipier pour relier Angra dos Reis (au sud de Rio de Janeiro) et la Martinique (pour 35 euros par jour de caisse de bord). Les choses se débloquent d’un seul coup.

dibujo

Olivier et Tarka sont à Ushuaïa et partent dans 3 jours pour la première étape vers Angra dos Reis, je l’y rejoindrai pour naviguer vers le Marin, en Martinique. Afin de toper là et se rencontrer avant, je décide de me payer la navette, malgré mes réticences (malins Argentins, qui ont le monopole de ce business : 100 euros pour 40 minutes de camionnette et 20 minutes de zodiac, à comparer aux prix pour aller à Punta Arenas : 145 euros pour 31h de ferry dans un fauteuil confortable avec 5 repas inclus, ou 80 euros d’avion…).

Avant de partir, je ne dois pas manquer de monter au Cerro Bandera qui surplombe Puerto Williams et que j’avais soigneusement évité lors du trek, pour m’éviter une grosse transpiration dès le début. J’y vais avec Gonzalo, qui est devenu un bon pote entre temps. Il vient de Chiloé, la plus grande ïle du Chili. Comme beaucoup d’insulaires, il aime son bout de terre, à part du reste du Chili. Il a plein d’idées pour le tourisme et projette d’y ouvrir son auberge. Nul doute que ce sera un succès, tant il a le souci de l’hospitalité et rend le séjour chez Pusaki agréable.

Il fait super beau. La pestilentielle vache morte sous un arbre dont tout le monde parle est bien là. Sans sac à dos et même après 8 jours d’agapes, les jambes sont légères et les 600 m de dénivelé sont du gâteau.

Bandera du cero

Cruz

coucher soleil

Gonzalo a tout prévu : bière et SUPER 8 (prononcez « otcho » !), la sucrerie préféré des Chiliens, (le mode selfie miroir inverse l’image !)

Super 8

Je vais quitter l’ambiance de village de Puerto Williams, 2500 habitants, on rencontre toujours les mêmes. Les chevaux sauvages sont dans les rues partagées avec les chiens. On peut déposer n’importe où son vélo sans le cadenasser, les gens s’entraident, l’armée structure l’économie et bon nombre de bâtiments lui appartiennent. Sauf que le gouvernement Chilien a l’ambition de détrôner Ushuaïa (60 000 habitants) comme destination touristique et ville la plus australe. Il y a du chemin mais les projets décidés en 2015 sont en train de sortir de terre. Question de temps avant l’arrivée massive des touristes, le moment d’investir ou de partir, c’est selon…

chaval sauvage

Dernière soirée chez Pusaki avec Jean-Christophe, Gonzalo, Alicia, Patti, Marcel, Céline, ma pomme, Florent.

Pusaki

Je pars de Puerto Williams pour un grand saut jusqu’à Valparaiso, d’où je pourrai facilement rejoindre Mendoza et la région des vins Argentins. Je n’envisage pas de parcourir les 2500 km de la Carretera Austral en 3 semaines, il faudra revenir. Après le passage éclair Ushuaïa, direction Punta Arenas pour prendre un avion jusqu’à Santiago du Chili (Valparaiso est juste à côté).

Je resterai moins de 24h à Ushuaïa, le temps de prendre un café avec Olivier et quelques photos. Je suis en partie appelé par Valparaiso, et en partie chassé par l’ambiance horrible de l’auberge que j’ai (très mal) choisie. Tripadvisor me me rassure, même si elle est en moyenne bien notée, je ne suis pas le seul à déplorer la même expérience, ça ne vient pas que de moi.

Rendons à Ushuaïa ce qui lui appartient, le site est magnifique.

bateau ushuaia

Ushuaia depuis la Marina

Ushuaia

En discutant avec Olivier, nous nous rendons compte qu’il est ami avec un ancien collègue de mon premier cabinet de consulting, qui avait fait un voyage depuis l’Europe vers la Polynésie via le cap Horn. Je me souviens parfaitement avoir bavé sur les photos de son blog. Olivier était le chef de bord de cette expédition.

Tarka (tarkasailing.com)

Tarka

Trajet

Ma session « dedo » vers Punta Arena me réconcilie rapidement avec les habitants d’Ushuaïa, Diego et Marcela sont hyper-sympas.

Diego Marcela

Et il fallait un Argentin comme Andrea pour :
– nous faire parcourir les 300 derniers km avec Lidia, une auto-stoppeuse espagnole,
– m’accompagner jusqu’à la porte de l’aéroport de Punta Arenas,
– m’y attendre 10 bonnes minutes jusqu’à confirmation que j’ai pu m’acheter le billet très bon marché que j’avais repéré pour le soir même, décollage à 23h.

Ici sur le bateau pendant la traversée jusqu’à la Punta Delgada.

Bateau

Là en train d’écouter Queen à fond la caisse.

Pas de pot

Avant de nous faire emmener par Andrea, je n’ai pas précisé que nous avons été pris en stop par une famille Chilienne avec qui nous avons passé la frontière de San Sebastian (j’ai lâchement somnolé dans le pick-up et laissé Lidia faire la conversation). A la douane chilienne les bagages entiers sont scannés. Dans le fatras de mon sac à dos fait un peu en catastrophe, le douanier repère quelque chose, et me demande de le vider. Je tombe sur ma peau de vison, oubliée dans un sachet rempli de sel pour la conserver.
– ¿ Que es eso ?
– Bah, un piel de vison, ¡ pardi !
C’est là que je réalise que quand on passe une douane, la différence entre un sachet de sel et un sachet de coke n’est pas flagrante. Bref, rien de grave, juste à modifier ma déclaration, mais il fallait voir sur le coup, la tête de la famille s’imaginant transporter un trafiquant, et le fou rire quand on s’est refait le film dans la voiture.

Adios, po !

Adieu peau de vison

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